Combien de ces jeunes se sont retrouvés, dans l’expression tapageuse de leurs caprices, sur un lit d’hôpital ? Combien sont tombés ? Pas un ! C’est au contraire dans les salons de la présidence qu’on les a revus pour des « audiences » appuyées et des invites insistantes à une meilleure structuration ! Alors pourquoi, leurs concitoyens de Kaedi, Maghama , Boghé ,Bababé Djéol ou Mbagne -qui n’ont aucune chance de se retrouver dans ces audiences de la république et qui trainent avec eux leur amertume -doivent payer le prix fort pour avoir dit que s’en était trop de leur calvaire et qu’ils étaient à bout de patience et d’espérance ?
Leur cause est pourtant plus noble .Parce que c’est celle d’un droit à la terre, d’une appartenance à un pays .Un droit à la vie. Pas même une vie digne mais juste une vie sur leur terre, dans leur dénuement ; face à leurs privations. Une vie de discriminations et d’injustices portée en bandoulière par des générations meurtri es et en projet apatrides. La vérité, c’est qu’au-delà des ces remous épisodiques se joue un chapitre de la cohabitation politique entre les composantes de ce pays. L’enrôlement est un prétexte et une facette de cette cohabitation. La répression sauvage, une illustration de l’iniquité des traitements. C’est l’expression manifeste d’une question sociale occultée et maladroitement entretenue. Les élucubrations des cadres négro africains et autres explications savantes des théoriciens du régime n’y feront rien ! Pas même les indemnisations à l’emporte pièce. Le problème est autre. Il est ailleurs .Il est dans les contrebas de cette autre Mauritanie qui traine sa douleur, sa frustration. Celle de voir ses maux étudiés sous des prismes pécuniaires, dans des postures simplistes, passéistes. Pour tous ces jeunes, Hier est une longue série de contes macabres faits de brimades, d’expulsions et d’exécutions sommaires. Un passif qu’ils peuvent bien pardonner, qu’ils veulent bien pardonner s’il n’avait de fait les relents d’un …actif .Si aujourd’hui ne portait pas les contours d’un prolongement d’hier sous un vocable nouveau et un habillage à la limite de l’indécence.
Ce qui se passe dans le pays est une affaire de justice sociale et transcende les questions épisodiques de l’enrôlement. C’est le cri de ralliement d’une jeunesse fatiguée d’espérer d’avoir sa place, sa vraie place loin des mises en scènes grotesques de représentation « tape à l’œil ». C’est la saturation d’un mal être quasi chronique nourri et entretenu par un passé qui ne passe pas et un présent qui (per)dure.
Ibrahima falilou
professeur