Il ya, chez nous autres africains, dans notre relation à la chose politique, quelque chose de pathétique et de tristement ridicule. C’est comme qui dirait que les parcours étaient accidentels, hasardeux, fortuits. Rien de construit, rien de mûri ; que de l’approximatif, de l’instantané.
On s’offusque d’être considérés comme pas encore suffisamment ancré dans l’histoire. On invoque en chœur des passés glorieux, On vante des civilisations jadis prospères, on magnifie des peuples « exceptionnels » ; on s’invente des « sauveurs », des « guides », des « homme-providence. »
On passe de transitions à élections et d’élections à suspension…de constitution ; le tout sous le regard bienveillant de CMRN, CDDD, CNDD et que sais-je encore. On inonde à chaque fois le peuple d’une litanie de justifications simplistes et de prétextes tout aussi grotesques qu’avilissants. On maquille des coups d’états en révolutions, des régressions en avancées, des continuités en ruptures.
On promet, on chante, on dénigre, on dénie et on promet encore ; plus qu’on ne peut ; plus qu’il ne faut. Et le peuple incrédule en prend jusqu’à la lie.il croit, espère, attend et attend. Les années passent, les ardeurs avec. Les espoirs s’estompent, les rêves se fanent, les « ambitions pour le peuple » deviennent les attentes d’un homme, d’un clan. La politique se mue en art ; l’art de se ranger (du bon coté s’entend) de sévir et de se servir. L’essentiel étant de faire semblant, de savoir faire étalage de ses platitudes et de présenter sous de meilleurs jours des réalités cruelles, immondes faites de privations, de reniements, et de régressions.
Les peuples d’Afrique à quelques exceptions prés, sombrent dans un long sommeil hypnotique. Le réveil n’est pas hélas pour demain. C’est de la mauvaise foi que d’appeler cela de l’afro pessimisme. Car qu’avons –nous de singulièrement différent des indépendances à nos jours ? Rien ou presque si ce n’est les mêmes guerres à répétitions, les mêmes affrontements ethniques, les mêmes configurations communautaristes ? Que nous ont-elles values nos armées en dehors des sempiternels coups d’état tout aussi stupides qu’insensés ? Pourquoi ne pouvons nous pas avancer ; s’entendre sur l’essentiel : l’évolution des peuples dépend de leur aptitude à instituer et à respecter des normes, à promouvoir des valeurs et à s’accorder sur des principes.
Ibrahima falilou
Professeur
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