mardi 23 août 2011

Les blessures du passé qui hantent toujours notre quotidien :

Il y a des débats éternels, des débats politiques qui ne prennent jamais fin. Il y a aussi des problèmes qu’une société peine à résoudre, à apaiser que chaque génération doit reprendre en ses propres mots.
Les premières années qui ont suivi l’indépendance de la Mauritanie, l’élite intellectuelle noire avait prédit le danger qui guettait cette Mauritanie libérée des contraintes de la colonisation. Elle a manifesté son désarroi de voir la Mauritanie s’engouffrer dans le chemin irréversible de l’exclusion des négros mauritaniens par la mise en place d’une politique de l’arabisation forcée et de dépouiller du reste de la Mauritanie de sa culture africaine. Cette volonté manifeste du nihilisme culturel généra en 1967 le premier conflit inter ethnique que le feu maître Mokhtar Ould Dadah premier président de ce pays réprimera d’une main de fer. Ce premier conflit majeur était en soi une alerte qui devait prévenir la difficile cohabitation entre des entités distinctes
culturellement et socialement.
Beaucoup, souvent pour esquiver la problématique de cette cohabitation arguent l’islam comme un point commun, un point de convergence. A ceux-ci, je réponds toujours les conflits en Iran, en Irak ces deux cas à eux seuls suffisent pour révéler la mollesse de l’argumentation. Quoi qu’on dise, la Mauritanie s’enfonce davantage dans une lutte hégémonique où les tenants du pouvoir pour le moment s’emploient à maintenir cette hégémonie et à écraser sans gêne le reste du pays.
Cette lutte sophistiquée que mène les maures de la Mauritanie trahit même les esprits les plus avertis et les politiciens les plus vigilants. Dans cette volonté ahurissante d’écraser les noirs mauritaniens, des simulacres de démocratie, de législations, de constitutions ont été mises en place pour légitimer certaines actions racistes, discriminatoires et antidémocratiques.
Les évènements 1989, les arrestations arbitraires suivies des exactions sommaires en 1990,1991 et 1992 constituent le paroxysme de cette volonté de beydanisation de la MAURITANIE.
Pensant que cette volonté était du passé avec l’arrivée d’Aziz, qui avait dès le départ parlé des jalons de démocratie et de justice, force est de constater que le recensement en cours est venu prêter main forte aux régimes de Taya qui avait excellé dans cette sale besogne.

En effet, ce recensement à vocation d’état-civil présenté par le pouvoir comme une solution qui permet de résoudre tous les problèmes qui résident dans le domaine, va conduire inévitablement la Mauritanie vers des risques de confrontation identitaire qui affecteront fatalement la cohabitation entre les différentes communautés composantes de sa population.

Désormais, des dizaines de milliers de Halpulars, wolofs et soninkés, des milliers d’autres mauritaniens ou mauritaniennes aux noms à résonnance "étrangère" sont soumis aux questionnements, écartés avec indifférence et indexés du doigt comme ayant vocation à devenir de vulgaires apatrides dans leur propre pays.

Dans les centres d’accueil des citoyens (CAC) sont installées des commissions composées presque exclusivement de maures, qui exécutent les ordres reçus des autorités de remettre systématiquement en cause la nationalité des négro-africains pour installer une "vraie Mauritanie", la Mauritanie que le Général putschiste Ould Abdel Aziz avait promis d’être "Nouvelle" (car dénégrifiée).

Oui, Avec ce recensement, on voit clairement se profiler la chronique d’une exclusion programmée des halpulaars, wolofs, soninkés et, voir même des haratines, de la Mauritanie.


"Une prière à Kaédi pour des morts sans sépultures et voilà lâchée la machine de l’anesthésie générale qui autorise d’opérer sans coup férir la rupture d’identité de notre patrie…" J’ai cité des propos de Me Lo Gourmo.

Pour ne citer qu’un seul cas parmi tant d’autres, j’oserai dire que nous avons tous été surpris, stupéfiés et profondément blessés de voir le Dr Ba Bocar Alpha se faire rejeter par les jeunes agents recenseurs de l’ADG M’Rabih.

Aujourd’hui, force est de constater qu’il n’y pas d’autres alternatives, pour nous communautés noires, que de se s’unir et de se mobiliser pour lutter de toutes nos forces et par tous les moyens afin d’arracher à cet État raciste tous nos droits, l’heure n’étant plus aux réclamations.

Pour reprendre les propos d’une nos consœurs qui se trouve à l’avant-garde de notre grande bataille, je poserai simplement cette question : "Quelles sont les décisions à prendre maintenant ?" "L'heure des grandes décisions a sonné". J’ai cité Mariame Kane KANOOWO (AFMAF)

Ba Abdellahi Moussa
Chargé de la Communication du Mouvement "Touche pas à ma nationalité".

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